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Pour qu’émerge un nouveau récit

Ancien et nouveau récit

Un récit, c’est ce qui trace un avenir commun, au-delà des préférences et croyances particulières de chacun. Tout comme une vie humaine, mais à une autre échelle de temps, il naît, se développe et atteint sa maturité. Quand sa fin approche, un autre récit émerge, bien souvent combattu ou traité dans l’indifférence par tous ceux encore attachés au précédent. 

L’avènement de l’ère industrielle marque le début du récit encore en cours aujourd’hui. Ce récit a cela de particulier qu’il s’est imposé à tout et à tous et à tout sur le globe entier, alors que les précédents ne concernaient qu’un peuple, une civilisation ou une aire géographique qualifiée d’Empire (comme l’Empire romain constitué de tous les pays entourant la mer Méditerranée). Avec le XXIᵉ siècle, ce récit encore dominant du progrès et du toujours plus est à bout de souffle. Il lui faut un remplaçant et le temps presse, tant s’y accrocher devient synonyme d’autodestruction. 

Les lanceurs d’alertes ne manquent pas : les peuples premiers, Edgar Morin du haut de ses plus de 101 ans, Cyril Dion avec les Colibris, Greta Thunberg et les jeunes écologistes, Bruno Latour et tous ses disciples, Aurélien Barreau et le ciel étoilé, Jean-Marc Jancovici et les « chasseurs de carbone », les scientifiques du GIEC et de nombreux organismes, des politiques de tous les pays et des myriades de lambda… Tous appellent de leurs vœux un nouveau récit et s’ils sont restés trop longtemps à l’état de signaux faibles 1signaux faibles : voir l’essai “Ne vois-tu rien venir ?”, Ed. Yves Michel, 2021., leur message est de mieux en mieux perçu. 

Shakespeare, Songe d’une nuit d’été, Ballet du grand théâtre de Genève, 2013 

Il semblerait même que depuis peu, au moins dans les pays dits riches, une majorité de personnes accrédite ce message de soutien au nouveau récit. Ce phénomène fait suite notamment à quatre évènements : l’accélération concrète des catastrophes naturelles et des montées en température en 2022 ; l’impact du discours du chef de l’ONU António Guterres en septembre 2022, où il fustige les nations sur leur réponse inadéquate au changement climatique et ses conséquences ; la reconnaissance lors de la COP 27 de fin 2022 de la véracité des alertes données par les scientifiques et que les dangers exposés sont pour maintenant et iront crescendo ; enfin la multiplication de témoignages maintenant accessibles et diffusés à grande échelle (films, documentaires, livres, bandes-dessinées comme par exemple la BD Le monde sans fin de Jancovici qui a été vendue à plus de 500 000 exemplaires en France en 2022), démontrant l’urgence de passer à un autre mode de vie à toutes les échelles. 

Le vieux récit résiste

Pourtant, le vieux récit éclipse encore le nouveau. Pourquoi ? 

Trois raisons principales sont identifiables :

– La première se trouve dans l’Histoire. Dans la période conflictuelle avant la seconde guerre mondiale, le vieux récit de la modernité commençait à s’essouffler suite aux injustices sociales et non pour des raisons écologiques. Il a fallu attendre la fin de la guerre pour que ce vieux récit porte l’espoir d’un renouveau prospère et de justice sociale, les classes moyennes s’émancipant. Aujourd’hui, nous nous retrouvons à nouveau dans l’injustice sociale avec une épée de Damoclès menaçant les classes moyennes, mais avec, en plus, l’imprécation à revoir nos modes de production et de consommation. Comme avant la seconde guerre mondiale, dans ce premier quart du XXIème siècle, nous nous enfonçons toujours plus dans une ère cyclonique de conflits à l’échelle mondiale avec les énergies et les attentions focalisées sur l’état de guerre, empêchant une approche sereine pour qu’émerge un autre récit.

– La seconde est en rapport avec ceux qui profitent le plus du récit de la modernité. Ils pensent encore pouvoir préserver leurs intérêts quoi qu’il arrive. Ultrapuissants financièrement, ils bloquent sans vergogne tout ce qui remettrait en cause leur mode de vie et restent braqués sur la magie du PIB et l’injonction de se tourner vers le « progrès ». 

– La troisième est en rapport avec l’actrice principale du nouveau récit. Bruno Latour la nomme “Gaïa”2Bruno Latour, Face à Gaïa, Ed. La Découverte, 2015. Bruno Latour est décédé le 9 octobre 2022. Voir sur Arte ses 14 entretiens de 12 minutes avec Nicolas Truong.. Elle n’est ni le globe, ni la terre-mère, ni même la nature mais tout ce qui interagit avec ou sans notre conscience. Son caractère instable et peu rassurant avec ses mille figures, sa tendance à s’imposer et à se déployer toujours plus sur la scène de nos destins sans nous demander notre avis, sa façon de brandir l’épée du changement climatique en nous sommant de rendre des comptes et de nous soucier urgemment des conséquences de nos dépendances, tout ceci n’incite pas à la rendre sympathique et à s’engager auprès d’elle. Toutefois, si on prend le temps de s’y intéresser, un autre aspect de Gaïa, beaucoup plus familier et charnel, se décline. Elle devient « Zone critique »3Jerôme Gaillard, Revue d’Anthropologie des connaissances, 2021 et aussi voir la compagnie de théâtre “Zone critique” dirigée par Frédérique Ait-Touati : https://www.zonecritiquecie.org/la-compagnie, constituée de tout le vivant et de son habitat, donc une partie du ciel, du sol, du sous-sol, de la mer et de tout ce qui s’y trouve. Une fine couche en soi à l’échelle des planètes mais justement, fragile puisque fine. 

Dans l’optique d’un nouveau récit et d’une cohabitation bienveillante avec « Gaïa, Zone critique », quel rôle s’impose à nous, les humains ? À travers les titres de deux de ses ouvrages, Bruno Latour nous propose de répondre aux questions suivantes : Où atterrir ? et Où suis-je ? 

Par an, combien de personnes meurent d'un accident de parachute? | Playbac  Presse Digital: journaux jeunesse Le Petit Quotidien, Mon Quotidien,  L'actu, L'éco et plus !

Play Bac Presse, sept 2019

Atterrir, se situer, se donner un cap, les clés pour embrasser la cause du nouveau récit ?

Atterrir, c’est d’abord reconnaître qu’il est inutile de vouloir fuir le monde (sur Mars, au cœur des métropoles ou dans des forteresses de Nouvelle-Zélande) pensant ainsi échapper à « Gaïa, Zone critique ». Les menaces de la mondialisation4 Mondialisation : la référence aux 3 à 5 planètes nécessaires aux espoirs de développement de tous les pays. Voir le livre de Bruno Latour “Face à Gaïa”, Ed. La découverte, 2015. concernent et concerneront tout le monde. Atterrir, c’est aussi se mettre vraiment à l’écoute de « Gaïa, Zone critique » et de se déciller sur nos prétentions d’indépendance. Atterrir, enfin, ce n’est pas se murer dans un territoire et se croire indépendant, mais s’inclure dans le réseau des terrestres pour tout d’abord comprendre de quoi l’on dépend et comment les choses sont intriquées. Là commencent les questions d’engendrement5Engendrement : l’exemple de comment est engendré le litre de lait frais dans sa brique en semi carton et plastique sur notre table chaque matin parle de lui-même. Il a fallu une ferme, une vache, un vétérinaire, une coopérative laitière, des transporteurs, une usine de fabrication des briques de lait, un magasin de vente de nourriture et pour chaque étape des machines qu’il a fallu fabriquer (ce qui implique des matériaux à extraire et à transformer), entretenir et alimenter en énergie. Derrière la boîte de lait apparaît donc une grande quantité d’intervenants. En acceptant d’évaluer les conséquences d’engendrement de ce dont on dépend, il est évident qu’il va nous falloir réduire drastiquement les distances, les opérateurs, les matériaux, pour revenir à une seule planète. Dans les imaginaires, le modèle star de la mégapole s’éloigne et fait place au modeste village. Voir l’article de Stéphane Lauer, Il faut réévaluer le coût réel du basculement vers la voiture électrique, Le Monde, dec 2021. et pas seulement celles de production.  Par exemple, derrière une simple boîte de lait, à la façon de poupées russes, des centaines voire des milliers d’intervenants apparaissent!

La réponse à la la deuxième question « Où suis-je ? » est : dans le même bateau ! Et un bateau en péril porté par des courants violents au cœur d’une guerre qui épuise tout le vivant depuis plus de cinquante ans et qu’on nomme depuis peu « anthropocène »6Anthropocène : se dit de l’ère où l’homme est devenu une force géologique. Cette force marquée par la démesure et l’avidité est en train de provoquer une extinction des espèces vivantes et avec, la désertification des terres comme des océans dans un laps de temps très court.

Alors jusqu’à quand continuer à ignorer les conditions d’habitabilité de ce dont nous dépendons ? Quand apprendrons-nous à changer nos vies pour en tenir compte et faire cause commune avec tous les terrestres ? En cherchant à répondre sincèrement à ces questions, comprendre qu’on est bien dans le même bateau ne fait pas de doute. 

Arrive alors une troisième question, celle nécessaire pour aboutir à l’émergence d’un nouveau récit qui ne soit pas seulement le fruit d’enchaînements subis mais aussi le fruit de métamorphoses heureuses : Quel cap pour « faire reverdir les prés » si c’est encore possible ? Quel cap se donner pour ne plus nourrir la guerre et ne plus voir dans toutes choses des ressources à s’accaparer ? 

Cela rappelle le contexte d’une guerre plus ancienne, celle de Troie suivie du voyage de retour d’Ulysse vers Ithaque, sa terre promise, un voyage à la durée indéterminée et semé d’embûches. A cette époque se perdait l’unité entre les royaumes, mais grâce à Ulysse, chacun gagnait la promesse de pouvoir embrasser la destinée d’un héros. Aujourd’hui où nous sommes dans la phase où la « guerre anthropocène » bat son plein, un vainqueur se dessine, celui du chacun pour soi au prix d’un monde désolé et stérile. 

A l’échelle de la planète toute entière, l’humanité n’est-elle pas en train de vivre la perte d’unité et la fragmentation au cœur de chaque individu, conditions d’un humain massifié7Un humain massifié : il est devenu incapable de se forger des convictions par soi-même et de distinguer ce qui relève de la fiction ou de la réalité. Intérieurement il capitule et se rassure par la cohérence et l’apparente infaillibilité d’un système. Voir le livre d’Hannah Arendt, Les Origines du totalitarisme, Eichmann à Jérusalem, Gallimard, 2002. ?

Et pour ceux qui seraient capables de traverser cette épreuve, n’auraient-ils pas la promesse d’incarner le statut d’un être relié en quête permanente d’équilibre entre ce qu’il prend et ce qu’il donne ? 

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Jérôme-Bosch, Le concert dans l’œuf entre 1453 et 1516, Palais-des Beaux-Arts de Lille

A la fin de son livre « Où suis-je ? », Bruno Latour évoque « les ravaudeurs » et les « extracteurs ». Les ravaudeurs chargés de raccommoder de vieux vêtements sont aujourd’hui ceux qui font le choix de retisser ce qui a été saccagé, déchiré, malmené, comme des territoires, des vivants, des parties de terrestres. Les extracteurs, qui ont le pouvoir, occupent le monde et l’exploitent dans un déni total des conséquences de leurs actes. Ces extracteurs ne sont pas seulement ceux qui « creusent » le monde. 

En Occident ce sont aussi « tous ceux qui se résignent en abdiquant dans leur conscience individuelle au profit de l’inconscience collective »8Article du monde du 5 septembre 2020, Nicolas Hulot et Frédéric Lenoir « Il faut absolument sortir de cette logique absurde de croissance infinie dans un monde fini ». et en Chine, comme dans tous les régimes autoritaires, ce sont tous ceux qui, pour concilier la vie avec un pouvoir central omnipotent, compensent par une surconsommation futile. 

Dans de telles conditions, œuvrer comme ravaudeur n’a rien d’une sinécure. Pour ne pas être anéantis, pour résister et agir, les ravaudeurs vont devoir apprendre à conspirer. Heureusement, ils ont pour alliée « Gaïa, Zone critique ». Si se rapprocher de cette partenaire est difficile tant ses réactions peuvent être mystérieuses et inattendues, sa force de persuasion9Force de persuasion de Gaïa zone critique : on peut prendre comme exemple la dernière accélération des conditions climatiques en 2022 dont l’ampleur et la soudaineté n’avaient pas été prévues même par ceux qui nous alertent sur le sujet. est sans aucun doute à la hauteur des enjeux. Enfin, apprendre à la découvrir en s’intégrant volontairement dans son giron comme partie solidaire, n’est-ce pas là une belle aubaine et la condition pour qu’émerge un nouveau récit enthousiasmant ?

Références

Références
1 signaux faibles : voir l’essai “Ne vois-tu rien venir ?”, Ed. Yves Michel, 2021.
2 Bruno Latour, Face à Gaïa, Ed. La Découverte, 2015. Bruno Latour est décédé le 9 octobre 2022. Voir sur Arte ses 14 entretiens de 12 minutes avec Nicolas Truong.
3 Jerôme Gaillard, Revue d’Anthropologie des connaissances, 2021 et aussi voir la compagnie de théâtre “Zone critique” dirigée par Frédérique Ait-Touati : https://www.zonecritiquecie.org/la-compagnie
4  Mondialisation : la référence aux 3 à 5 planètes nécessaires aux espoirs de développement de tous les pays. Voir le livre de Bruno Latour “Face à Gaïa”, Ed. La découverte, 2015.
5 Engendrement : l’exemple de comment est engendré le litre de lait frais dans sa brique en semi carton et plastique sur notre table chaque matin parle de lui-même. Il a fallu une ferme, une vache, un vétérinaire, une coopérative laitière, des transporteurs, une usine de fabrication des briques de lait, un magasin de vente de nourriture et pour chaque étape des machines qu’il a fallu fabriquer (ce qui implique des matériaux à extraire et à transformer), entretenir et alimenter en énergie. Derrière la boîte de lait apparaît donc une grande quantité d’intervenants. En acceptant d’évaluer les conséquences d’engendrement de ce dont on dépend, il est évident qu’il va nous falloir réduire drastiquement les distances, les opérateurs, les matériaux, pour revenir à une seule planète. Dans les imaginaires, le modèle star de la mégapole s’éloigne et fait place au modeste village. Voir l’article de Stéphane Lauer, Il faut réévaluer le coût réel du basculement vers la voiture électrique, Le Monde, dec 2021.
6 Anthropocène : se dit de l’ère où l’homme est devenu une force géologique. Cette force marquée par la démesure et l’avidité est en train de provoquer une extinction des espèces vivantes et avec, la désertification des terres comme des océans dans un laps de temps très court.
7 Un humain massifié : il est devenu incapable de se forger des convictions par soi-même et de distinguer ce qui relève de la fiction ou de la réalité. Intérieurement il capitule et se rassure par la cohérence et l’apparente infaillibilité d’un système. Voir le livre d’Hannah Arendt, Les Origines du totalitarisme, Eichmann à Jérusalem, Gallimard, 2002.
8 Article du monde du 5 septembre 2020, Nicolas Hulot et Frédéric Lenoir « Il faut absolument sortir de cette logique absurde de croissance infinie dans un monde fini ».
9 Force de persuasion de Gaïa zone critique : on peut prendre comme exemple la dernière accélération des conditions climatiques en 2022 dont l’ampleur et la soudaineté n’avaient pas été prévues même par ceux qui nous alertent sur le sujet.
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Cycle des Puissants Nomades – 1/7

Introduction

Après le cycle du guerrier, qui a permis de traverser les époques et les continents, voici une autre proposition de voyage : partir à la rencontre des nomades. Mais pas n’importe lesquels, ceux qui, par leur transhumance, proposent ou ont proposé (car la plupart ont disparu, sont sur le déclin ou se font discrets), une manière d’être « extrêmement vivante ».

« Puissants Nomades » car, par leur attitude et leur vie en parfaite symbiose avec le vivant sous toutes ses formes, et étant élevés pour aller au sommet d’eux-mêmes, ils percent certains secrets de la nature, et maintiennent ou se souviennent de modes de communication oubliés ou insoupçonnés. C’est surtout ce dernier point qui interpelle, car il faut bien le reconnaître, nous, qui « avons fait sécession avec les 10 millions d’autres espèces de la Terre »1Titre du livre de Baptiste Morizot “Manières d’être vivant”, qui a grandement inspiré les premières étapes de ce cycle, sommes arrivés à un seuil : celui où aller plus loin dans l’isolement nous condamnerait tous à disparaître. Ce processus ainsi lancé est qualifié par certains d’Anthropocène. S’il touche d’abord et principalement les 10 millions d’espèces autres que l’espèce humaine, il semble évident que lorsque les conséquences des actes de l’espèce qui a fait sécession auront touché leur point de non-retour, c’est bien cette même espèce isolée qui sera la moins apte à trouver des solutions et à s’adapter aux imprévus et catastrophes. S’inspirer des Puissants Nomades pour renouer avec le vivant dans sa diversité n’est pas une fin en soi, ou encore un moyen pour mieux s’en sortir. C’est plutôt une conséquence de la prise de conscience d’un état d’être au monde et d’une nécessité intérieure de rentrer dans le giron de la grande famille des vivants, sans pour autant briser ou nier son altérité. Cette prise de conscience portait peut-être dans son cheminement la nécessité d’en passer par l’atrophie de certaines de nos capacités pour en apprivoiser d’autres. Peut-être était-il nécessaire au mental rationnel, fierté et point de départ du positionnement au monde de notre espèce, de constater son impuissance à résoudre la complexité des enjeux nés avec le XXIème siècle, pour enfin lâcher prise et commencer à envisager d’autres « manières d’être vivant » ?

Toiles d’araignées en automne, massif du Tanargue, Ardèche, France

Si l’image précédente pourrait évoquer celle d’une échographie, il n’en est rien. Il s’agit d’un tapis de toiles d’araignées, saisi sur le massif du Tanargue, et mis en lumière par le soleil couchant. Pourtant, l’évocation dans nos imaginaires de l’échographie, suite à la vision de cette image, n’est pas sans analogie avec les araignées, qui ici peuvent prendre cette place symbolique de mères de la Terre, entourant cette dernière de leurs fils protecteurs à la venue de l’automne.

En partant en quête des Puissants Nomades, ce nouveau regard à poser sur les êtres et les choses sera le guide et le fil conducteur qui permettra de s’inspirer et de goûter à d’autres façons d’être au monde, telle l’image des araignées mères de la Terre. Regarder autrement et sortir de nos catégories symboliques et imaginaires afin de déployer un nouvel angle de vue n’a rien d’une évidence, tant les barrières que nous avons dressées contre ces Puissants Nomades sont anciennes et ancrées.

Avant d’envisager la création de liens d’unions organiques, une étape intermédiaire est nécessaire : celle de proposer une zone à la fois spatiale et temporelle pour que ces deux antagonistes puissent se côtoyer et se familiariser l’un avec l’autre.
Cet espace de l’entre deux correspond au « Ma » japonais, si présent dans tous les aspects de cette culture.

Pour nourrir cet espace de rencontre et ce « Ma », des témoignages réels ou imaginaires, mais toujours poétiques de ces Puissants Nomades accompagneront ce parcours, afin de pouvoir se rapprocher de leur façon d’être et de s’en inspirer. Cet espace poétique sera le lieu de vigilance qui tentera de ne tomber ni dans l’écueil de la caricature, ni dans celui de la perte de la spécificité et de l’altérité qui est celle de l’espèce isolée et en sécession.

Ce cycle s’attache à porter son regard sur des nomades qualifiés de « puissants ». Une puissance qui les rend extrêmement vivants, par une vitalité grandiose et une grande qualité de présence au monde. Cela peut paraître étonnant mais les premiers puissants nomades qui vont suivre ne sont pas du règne humain mais du règne animal, car dans cette idée de s’ouvrir à d’autres manières d’être vivant, ils ont toujours été des puissances inspiratrices.

Partons maintenant vers ces sommets de l’extrêmement vivant sans hésiter à prendre les chemins de traverse.

https://journal.res0.fr/les-premiers-puissants-nomades-une-inspiration-du-regne-animal/

Références

Références
1 Titre du livre de Baptiste Morizot “Manières d’être vivant”, qui a grandement inspiré les premières étapes de ce cycle